"J'ai dû tout quitter"

 

Valentin a failli mourir

Portraits sur le vif de Ben Betsalel et Birom Seck

Markounda 

Valentin, déplacé depuis plus de 9 mois

Fusain et acrylique sur toile, 122 x 152 cm
Portrait peint au petit matin. à l'intérieur d'une cabane publique 
BenBetsalel@Haessner-6710 

Ce camp, c’est le seul endroit où nous sommes en sécurité et même ici, notre sécurité n’est jamais certaine.

Valentin.

 

Je viens de Kaga Bandoro. J'ai 47 ans. J'ai eu sept enfants, mais j'en ai perdu un. J'ai aussi eu deux femmes, mais j'en ai perdu une. Ils ont essayé de me tuer aussi. Leur balle m'a touché ici au bras [il retrousse sa manche pour nous montrer la cicatrice de son biceps droit difforme].

Lorsque je pêche sur la rivière, c'est un de mes rares moments de paix. Mais c’est trop dangereux de le faire maintenant. Nous devons rester ici, dans le camp. C’est le seul endroit où nous sommes en sécurité, et même ici, notre sécurité n’est jamais certaine.

Lorsque nous sommes arrivés à Markounda, j'ai pu trouver un travail régulier dans une petite ferme un peu éloignée. Mais je n'ai plus accès à cette zone. Sans revenu supplémentaire, toute ma famille est obligée de survivre avec les 15 kg d'aide alimentaire fournie chaque mois. Ce n'est pas assez.

Ce qui me rendrait heureux, c'est d'avoir assez d'argent pour m'occuper de ma famille. Certains jours, je prends des risques. Je vais dans les petites exploitations agricoles voisines pour voir si elles ont du travail pour moi. Pour toute une journée de travail, je ne gagne que 500 francs CFA (environ 1 dollar). Quand il n'y a pas de travail, je chasse dans la brousse, mais bien sûr, c'est dangereux aussi. On ne sait jamais sur qui on va tomber.