"J'ai dû tout quitter"

 

Dieudonné a dû fuir sans cinq de ses enfants

Portraits sur le vif de Ben Betsalel et Birom Seck

Bangui 

Dieudonné, déplacé depuis plus de 16 mois

Fusain et acrylique sur toile, 122 x 152 cm
Portrait peint un matin, dans le coin d'un abri communautaire.
BenBetsalel@Haessner-6754 

Je n’ai rien à donner à mes enfants. C’est ce qui me brise le cœur.

Dieudonné.

Je viens de Mobay, situé le long de la rivière Oubangui qui sépare la République centrafricaine de la République démocratique du Congo. Avant d’être obligé de partir, je plantais et je récoltais du café. J’avais une petite entreprise pour subvenir aux besoins de ma famille. Maintenant, je n’ai plus rien. Tout a été pris ou détruit.

En 2012, la violence était partout. Nous avons résisté tant bien que mal mais plusieurs fois, nous avons été obligés de fuir vers la RDC. Nous attendions quelque temps avant de revenir puis nous travaillions très dur pour tout recommencer. En mai 2017, la situation a empiré et nous n’avons pas eu d’autre choix que de partir. Dans ce chaos, j’ai perdu de vue cinq de mes enfants les plus âgés.

Je suis arrivé à Bangui en pirogue avec ma femme et nos quatre plus jeunes enfants. Pendant sept mois, nous avons vécu dans un camp avec plus de 500 personnes déplacées. Au bout d’un moment, on nous a demandé de quitter le camp pour faire de la place aux nouveaux venus.

Aujourd’hui, j’ai du mal à payer mon loyer. Bien que je sache lire et écrire, je ne trouve pas d’emploi suffisamment bien payé. Tous les matins, je cherche tous les moyens possibles pour subvenir aux besoins de ma famille. J’aimerais avoir une formation, n’importe laquelle, pour pouvoir trouver du travail.

Nous n’avons pas d’argent, pas de soins de santé. Je n’ai pas les moyens d’acheter des stylos ou des cahiers pour que mes enfants aillent à l’école. Je n’ai rien à donner à mes enfants. C’est ce qui me brise le cœur.

Nous avons été abandonnés par tout le monde. Nous ne sommes pas loin de la famine. Ce n’est pas une vie.