Dans cet article de la Revue, Marion Harroff-Tavel propose une définition et une analyse des principes de neutralité et d’impartialité dont la distinction est importante. Elle rappelle que dans le monde actuel, où l'assistance humanitaire est souvent mêlée à la politique, l'application de ces principes n'est pas aisée. On demande souvent au CICR comment le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peut rester neutre face à de graves violations du droit international humanitaire (DIH) ou des droits de l’homme. Pourtant, poser cette question revient à partir de l'idée fausse que la neutralité est synonyme de silence, d'indifférence, voire de lâcheté. C'est oublier que ce n'est jamais à l'égard de la souffrance humaine que le Mouvement doit faire preuve de neutralité, mais « à l'égard des hommes qui se battent et des polémiques qui les divisent ». Être un intermédiaire neutre ne signifie pas toujours se taire (cela n’empêche pas le CICR d’exprimer sa préoccupation face à des violations du DIH) mais « savoir se taire quand parler attiserait les passions et nourrirait les propagandes, sans bénéfice réel pour les victimes auxquelles le Mouvement vient en aide ». Il n'existe malheureusement pas de recette universelle pour distinguer ce qui peut être dit de ce qui ne doit pas l'être. Chaque cas, chaque situation, diffère de ceux qui l'ont précédé.
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