4 juillet 2023
Nouveau numéro de la Revue internationale de la Croix-Rouge en français : Mémoire et Guerre
Il faut avoir la mémoire des conflits armés pour mieux traiter les conséquences des guerres, qu’il s’agisse par exemple, des conséquences à long-terme, aussi bien sur les populations civiles que sur les membres des forces armées ou de la question des personnes disparues, mais aussi pour aborder les perspectives offertes par la justice transitionnelle et la réconciliation. Dans ce numéro, la Revue examine les différentes façons dont la mémoire individuelle et collective des conflits armés influence les vies de ceux qui ont été affectés par des guerres, en analysant certaines pratiques commémoratives et mémorielles mises en place tant par les autorités que par les communautés.
À LIRE DANS CE NUMÉRO
À l’échelle d’une nation ou d’une communauté, le devoir de mémoire s’articule autour des notions d’identité et de patrimoine culturel. La commémoration des guerres révèle ainsi l’imbrication complexe qui existe entre mémoire, identité et culture nationale : il s’agit toujours de relier l’histoire du passé au présent, grâce à des événements commémoratifs, des mémoriaux ou des monuments, qui génèrent une identité collective. Il semble que partout dans le monde, le vécu traumatique engendré par un conflit s’accompagne de la nécessité de se souvenir. On peut ainsi citer le Mémorial de la Shoah, dont l’objectif est que l’histoire ne soit jamais oubliée. Toutefois, comme s’interroge David Rieff, la mémoire est-elle toujours un devoir moral absolu ou, face à tant de souffrances, l’oubli peut-il être la voie la plus sage à emprunter ? La question de la protection du patrimoine culturel, preuve tangible de l’histoire, est elle aussi au cœur de la notion de mémoire. Ainsi, lors du conflit en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), les biens culturels associés aux victimes du nettoyage ethnique ont été systématiquement détruits, comme pour effacer avec eux toute preuve d’existence d’une communauté, qui, après la guerre et lors de son retour en Bosnie, s’est battue pour reconstruire ce patrimoine saccagé, symbole de son histoire.
| Des millions de documents d’archives |
Le CICR dispose de fonds d’archives, photographiques ou filmées, qui contiennent des millions de documents dont les plus anciens remontent à 1863. Ils représentent un héritage inestimable qui retrace l’histoire des conflits armés, l’action du CICR dans ces conflits et le développement du droit international humanitaire (DIH) en faveur de la protection des personnes affectées par les conflits.
| Un témoignage unique sur l’histoire des guerres |
Depuis sa création, le CICR est un témoin historique des guerres et de leur évolution, qu’il documente. D’ailleurs, comme l’explique Cédric Cotter, les présidents successifs du CICR ont systématiquement offert un témoignage de leur vécu en tant qu’acteurs humanitaires dans les conflits, au travers de leur expérience personnelle.
| 150 ans d’action humanitaire en période de conflit armé |
Depuis plus de 150 ans, le CICR, gardien du DIH, assiste les personnes affectées par les conflits armés. Pour chaque conflit, il a ainsi documenté son action, par exemple, lors des Première et Seconde Guerres mondiales, la guerre d’Irak ou encore après le génocide des Tutsi au Rwanda. La nature du mandat du CICR confère à son action une pertinence historique évidente. Mais, comme le souligne Pierre Ryter, pour conserver cette pertinence à l’avenir, les activités de l’organisation devront s’adapter à un monde de plus en plus multipolaire.
Dans ce numéro de la Revue, Boris Cyrulnik, qui a échappé aux camps de la mort à l’âge de 6 ans pendant la Seconde Guerre mondiale, revient sur l’interaction entre mémoire, traumatisme et résilience, tant au niveau individuel que collectif. Car c’est bien de cela dont il s’agit lorsqu’on vit avec la mémoire d’un génocide : endurer les conséquences du traumatisme tout en continuant à vivre. Au Rwanda, les témoignages d’enfants ayant survécu au génocide des Tutsi, soumis au spectacle de la mise à mort et de la cruauté lors de cet événement radical, nous laissent à penser que même lorsque les victimes sont résilientes, il n’est jamais vraiment possible de sortir de « ce temps-là du génocide ». Les événements les plus sombres de l’histoire de l’humanité peuvent parfois donner lieu, comme l’a montré Annette Becker, à une « patrimonialisation des souffrances », un « tourisme noir » qui met l’accent, non sans une certaine fascination, sur les lieux de mémoire des génocides. Par ailleurs, les mécanismes de la justice transitionnelle permettent aussi la résilience, comme au Cambodge après les Khmers Rouges, où les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, établies pour que les auteurs des innombrables massacres répondent de leurs actes, ont permis d’apaiser un peu la haine des victimes et les séquelles des violences. Mémoire, traumatisme, haine et réconciliation s’entremêlent alors de façon complexe.
Revue internationale de la Croix-Rouge - Appel à contribution : « droit international humanitaire et paix : leçons pour l’avenir »
La Revue lance un appel à propositions sur le thème du lien entre droit international humanitaire (DIH) et paix, en vue de sa prochaine publication en automne 2024. Partant du principe que le DIH est incontestablement lié au maintien ou au rétablissement d’une paix durable, ces propositions pourront notamment s’attacher à analyser la place du DIH dans la justice transitionnelle, son rôle dans la réconciliation, la prévention des conflits, l’amnistie ou encore la réparation accordée aux victimes. Toute personne intéressée peut soumettre, d’ici au 15 août 2023, un résumé de 500 mots au maximum, accompagné d’un CV ou d’une biographie de 300 mots au maximum, à faire parvenir par courriel à l’adresse review@icrc.org, en français ou en anglais. L’équipe de la Revue privilégiera les propositions inédites pouvant clairement contribuer aux débats juridiques et politiques au cours des années à venir.
62ème édition du Festival de Monaco : le prix de la Croix-Rouge est décerné au documentaire « Oasis de paix »
Lors du 62e Festival de télévision de Monte-Carlo, placé sous la présidence d’honneur de SAS le Prince Albert II de Monaco, le prix de la Croix-Rouge a été décerné au documentaire réalisé par Henri Poulain, « Oasis de paix ». Si quelques artisans de guerres continuent d’attiser les haines, d’imposer la violence, de semer la peur, la désolation, les souffrances et de répandre l’inhumanité, les populations, pour la plupart d’entre elles, aspirent à vivre ensemble et en paix. C’est ce que nous montre ce documentaire qui porte sur un village établi à mi-chemin de Jérusalem et de Tel-Aviv, des territoires sur lesquels le CICR œuvre sans relâche, depuis près de 70 ans. Animés par un souci d’écoute mutuelle et de respect de l’humain, ses habitants, au-delà de leurs différences, ethniques, religieuses, culturelles, nous montrent la voie des possibles sur ces terres d’affrontements interminables.
| Israël et les territoires occupés : faits et chiffres sur les hostilités armées, mai 2023 |
Rapport - CICR
| Syrie : il faut agir de toute urgence pour répondre aux besoins humanitaires |
Communiqué de presse - CICR
| Destruction du barrage de Nova Kakhova : besoins humanitaires et réponse de la Croix-Rouge |
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